Comment raconter les histoires de la génération indépendance? Un projet collaboratif et participatif

Dans ce projet, nous essayons de faire de l'histoire de différentes façons. Notre objectif est de réaliser environ dix-huit documentaires de 20 minutes chacun. Deux artistes algériens contemporains réagiront également à leur manière à chacun de ces documentaires.

 

L'une des raisons souvent invoquées pour ne pas étudier l'histoire de l'Algérie après l’indépendance est l'absence d'archives. Pour l'instant, les archives de l’État pour la période après l’indépendance (c'est-à-dire la correspondance, les procès-verbaux de réunions, etc. pour les ministères de l’Éducation, de la Justice, de l'Intérieur, etc.) sont largement inaccessibles, si tant bien est que ces documents aient été archivés. Mais cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas mener des recherches historiques. Des archives de journaux sont disponibles et il existe une abondance de documentation statistique et gouvernementale pour cette période, dispersée dans les bibliothèques d'Algérie et de France, ainsi que des ouvrages clés de sciences politiques et de sociologie publiés dans les années 1960 et 1970. Et bien sûr, il y a les témoignages de personnes ayant vécu cette période.

 

Ce projet est basé sur de l'histoire orale. Ce n'est pas un choix par défaut, qui résulterait de l’absence “d’archives”. Au contraire, l’histoire orale fournit un moyen particulièrement efficace d'explorer comment le politique s'entremêle avec le personnel, comment l'accidentel et le planifié coexistent, et la “petite histoire” donne un aperçu des moments clés nationaux et internationaux. Les personnes interrogées ont également partagé avec nous des photographies et des documents qu'elles ont conservés de cette période – certains d'entre eux sont inclus dans les documentaires. Encore une fois, il s'agit d'une invitation à une vision plus large de ce qu'est “l'archive” : une grande partie des archives de l'Algérie indépendante se trouve dans les caves, les garages et les albums photos de famille.

 

Les noms des personnes susceptibles de pouvoir être interviewées ont émergés grâce à un vaste réseau de contacts avec des universitaires, des journalistes et des cinéastes Algérien·ne·s, des ami·e·s et des membres de famille. Elles et ils ont généreusement partagé avec nous leur temps et leurs histoires. Certaines de ces entrevues ont duré des heures et le documentaire de 20 minutes ne peut exposer qu’une tranche d'une vie très riche. Nous ne prétendons pas qu'il s'agisse d'un échantillon représentatif, mais nous avons essayé de choisir un large éventail de profils, femmes et hommes.

 

Les personnes présentées ici racontent leur histoire, donnent leur interprétation. Il ne s'agit pas dans ce projet de rechercher “la” vérité, mais de générer une discussion. Ces réponses artistiques sont le reflet de notre désir de multiplier les perspectives - les deux artistes ont regardé exactement les mêmes documentaires, mais ils les ont interprétés différemment. Le site web sera toujours une œuvre inachevée et toujours renouvelée, car il s'agit d'un projet participatif.